La passion du running naît souvent d'une envie simple : enfiler ses baskets et partir courir. Au début, on ne pense qu'à la distance, à l'allure et à l'essoufflement. Mais à mesure que l'on progresse, une question plus subtile émerge : "Comment bien courir ?". Une bonne technique de course n'est pas un détail. C'est le fondement de la performance durable, la meilleure assurance contre les blessures et le secret pour rendre chaque foulée plus fluide, plus légère et plus économique.
Pendant des années, j'ai couru de manière intuitive, et j'ai payé le prix avec des blessures récurrentes. J'ai alors décidé de me concentrer sur l'aspect technique et le résultat a été sans appel : ma foulée est devenue plus efficace et les blessures ont disparu. Dans cet article, nous allons décortiquer les 10 principes fondamentaux d'une bonne technique de course. Ce sont des concepts simples à comprendre, mais qui, une fois appliqués, peuvent transformer votre façon de courir. C'est un processus de "désapprentissage" de mauvaises habitudes pour en enraciner de nouvelles, plus naturelles. Prêt à transformer votre foulée ?
Où que vous alliez, votre corps suit la direction de votre regard. En course à pied, cela signifie que regarder ses pieds ou le sol à quelques mètres devant vous est la garantie d'une mauvaise posture. Cela entraîne une flexion du cou, une courbure des épaules et une perte d'alignement de la colonne vertébrale. Pour bien courir, votre regard doit être porté à l'horizon, à environ 50 mètres devant vous. Non seulement cela vous aidera à maintenir un buste droit et un cou dégagé, mais cela vous permettra également d'anticiper les obstacles et d'avoir une meilleure vision d'ensemble de votre environnement. Sur des terrains techniques, bien sûr, il faut regarder où l'on met les pieds, mais sur la route ou sur un chemin dégagé, l'horizon est votre meilleur ami.
Imaginez qu'un fil vous tire par le sommet du crâne. C'est l'image parfaite pour vous aider à maintenir une posture droite et allongée. Le buste doit être fier, les épaules basses et le bassin bien aligné, légèrement basculé vers l'avant. Cette légère inclinaison, venant des chevilles et non du bassin, permet de laisser la gravité faire une partie du travail en vous propulsant vers l'avant. Évitez à tout prix de courir penché en arrière, ce qui est une habitude courante qui freine votre progression et met une tension inutile sur le bas du dos et les quadriceps. Une bonne posture est le fondement d'une bonne économie de course.
La plupart des coureurs amateurs ont une cadence trop basse (le nombre de pas par minute) et une foulée trop longue. Ce phénomène, appelé "sur-foulée" ou "overstriding", a un effet de freinage à chaque contact avec le sol, ce qui est très énergivore et traumatisant pour les articulations. La science a montré qu'une cadence idéale se situe entre 170 et 180 pas par minute (ppm) ou plus. L'objectif n'est pas d'aller plus vite, mais d'avoir une foulée plus courte et plus dynamique. Lire notre article sur la cadence et ses bienfaits. Une cadence plus élevée réduit le temps de contact au sol et l'impact de chaque foulée, diminuant ainsi le risque de blessures et augmentant l'efficacité.
L'un des meilleurs indicateurs d'une bonne foulée est le bruit que vous faites. Si vous "taponnez" le sol à chaque pas, c'est un signe que l'impact est trop important, ce qui signifie que vous courez lourdement et que vous encaissez des ondes de choc. Essayez de courir le plus discrètement possible, en cherchant à "glisser" sur le sol. Ce changement de perception vous forcera à adapter votre foulée : vous réduirez naturellement votre sur-foulée et votre temps de contact au sol. Ce conseil est directement lié au point précédent : une cadence plus élevée et des pas plus courts sont naturellement plus silencieux.
Courir, c'est se déplacer d'un point A à un point B. Le but n'est pas de s'élever du sol. Une foulée trop bondissante, en plus de gaspiller de l'énergie, est le signe d'une mauvaise utilisation de vos chaînes musculaires postérieures (fessiers, ischio-jambiers). Pour corriger cela, concentrez-vous sur la propulsion vers l'avant à l'aide de vos fessiers. Au lieu de sauter à chaque pas, imaginez que vous êtes sur un tapis roulant et que vous voulez "griffer" le sol vers l'arrière pour vous propulser. Le but est de rester le plus près possible du sol. C'est une astuce simple mais très efficace pour optimiser votre foulée.
La tension est l'ennemi du coureur. Et le haut du corps est souvent le premier à se raidir, en particulier les épaules. Des épaules hautes et contractées empêchent une bonne oxygénation et créent une fatigue inutile. De même, un mouvement de bras trop rigide et trop puissant est une perte d'énergie. Pensez à relâcher vos épaules, à les laisser descendre naturellement. Vos bras doivent accompagner le mouvement, avec un angle d'environ 90 degrés au niveau des coudes, sans rigidité excessive. Le haut du corps doit être un moteur de stabilité, pas une source de tension.
Ce conseil est une extension du précédent, mais il mérite son propre point. De nombreux coureurs serrent les poings ou ont les mains tendues en courant. Cela crée une chaîne de tension qui remonte jusqu'aux épaules. L'image parfaite pour corriger cette habitude est d'imaginer que vous tenez un œuf dans chaque main. Vous devez les tenir assez fermement pour ne pas les faire tomber, mais sans les écraser. Cette image vous aidera à maintenir vos mains dans une position détendue, ce qui relâchera vos avant-bras et vos épaules.
Le rôle des bras est de compenser les mouvements du bas du corps et de stabiliser le tronc. Un balancier de bras qui part sur les côtés, que l'on appelle le "tambourinement", est une erreur commune. Ce mouvement latéral est une perte d'énergie et peut déséquilibrer votre foulée. Pour l'éviter, le mouvement de vos mains doit être orienté vers l'avant et l'arrière, sans traverser la ligne médiane de votre corps. Cela garantit une foulée droite, fluide et surtout, plus économe en énergie. Si vous avez cette habitude, un travail de gainage vous sera très utile en complément.
C'est un débat qui anime la communauté des coureurs : faut-il attaquer par le talon, le médio-pied ou l'avant-pied ? Trop souvent, les coureurs se focalisent sur cette question et s'infligent une foulée artificielle et forcée. La réalité est que si vous appliquez les conseils précédents (cadence élevée, foulée courte, posture droite), votre attaque de pied deviendra naturellement plus efficace, sans avoir besoin d'y penser. L'attaque par le talon n'est problématique que si elle est très marquée, avec une jambe trop tendue. Concentrez-vous sur la dynamique de l'ensemble de votre corps plutôt que sur un seul détail.
La théorie est simple, mais la mise en pratique demande du temps. Le corps est une machine d'habitudes. Pour changer une foulée enracinée, il faut répéter le bon geste encore et encore, jusqu'à ce qu'il devienne un automatisme. C'est ce qui explique le concept de la "règle des 10 000 heures". La simple pratique régulière du running suffit déjà à améliorer votre technique. Plus vous courez, plus votre corps cherche instinctivement la manière la plus efficace de le faire. Soyez patient, concentrez-vous sur une seule chose à la fois, et les résultats viendront.
---Conseil | Problème Corrigé | Bénéfice Clé |
---|---|---|
Regard à 50m | Posture voûtée | Alignement du corps et gain d'énergie |
Grandissez-vous | Bassin trop en arrière, sur-sollicitation des quadriceps | Posture droite et exploitation de la gravité |
Cadence haute | Foulée trop longue et traumatisante | Réduction de l'impact, moins de blessures |
Courir en silence | Foulée lourde et impactant | Meilleure gestion des chocs |
Poussez vers l'avant | Foulée bondissante, perte d'énergie | Meilleure utilisation des fessiers |
Épaules relâchées | Tensions inutiles | Meilleure respiration |
Mains décontractées | Tensions remontant aux épaules | Relâchement général du haut du corps |
Bras dans l'axe | Déséquilibre et perte d'énergie | Stabilité et efficacité de la foulée |
Moins penser au pied | Foulée artificielle | Meilleure foulée, plus naturelle |
Courir régulièrement | Manque d'automatisation | Création de nouvelles habitudes motrices |
En conclusion, bien courir n'est pas un talent inné, mais une compétence qui se travaille avec patience et conscience. Il ne s'agit pas de devenir un robot, mais de retrouver une foulée plus naturelle et plus harmonieuse. En vous concentrant sur un seul point à la fois lors de vos séances, vous verrez votre technique s'améliorer progressivement. Cette attention portée à votre corps vous rendra non seulement plus efficace, mais vous permettra de courir sans douleur, plus longtemps et avec un plaisir renouvelé. Alors, à vos marques, prêts, courez... mieux !
Une attaque par le talon n'est pas forcément mauvaise en soi. C'est l'ampleur de l'attaque qui peut être problématique. Si vous attaquez loin devant votre centre de gravité, cela génère un effet de freinage et des impacts importants. Une bonne foulée, même si le talon touche le sol en premier, le fait juste sous votre centre de gravité.
Oui, il est possible de modifier sa technique de course à tout âge. Cela peut prendre du temps et il est conseillé d'y aller progressivement pour éviter les blessures. Commencez par des exercices spécifiques sur des courtes distances et intégrez les nouveaux automatismes petit à petit.
Les chaussures minimalistes ou avec moins d'amorti peuvent aider à développer une foulée plus naturelle en vous forçant à adopter une meilleure cadence et un contact au sol plus léger. Cependant, il faut les utiliser très progressivement pour ne pas blesser vos pieds et vos mollets qui ne sont pas habitués à ce type de travail.
Les premières sensations de fluidité peuvent arriver en quelques semaines. En revanche, pour que les nouveaux automatismes s'installent et que la technique devienne naturelle, cela peut prendre plusieurs mois. La persévérance et la patience sont vos meilleurs alliés.
La respiration en course à pied est aussi une question de technique. Une posture droite et un haut du corps relâché favorisent une respiration ample et efficace. Plutôt que de vous focaliser sur la manière de respirer, concentrez-vous sur votre posture et le reste suivra naturellement.
Il n'existe pas de "meilleure" foulée universelle. La meilleure foulée est celle qui vous est la plus naturelle, la plus efficace et la moins traumatisante pour votre corps. L'objectif est de s'approcher d'une foulée qui minimise l'impact et maximise la propulsion, sans aller contre votre biomécanique naturelle.