C'est une équation qui paraît si simple et logique : en faire plus pour obtenir plus. Dans le monde de la course à pied, cela se traduit souvent par un questionnement simple : est-ce que courir plus de kilomètres chaque semaine me fera inévitablement progresser ? La réponse est loin d'être aussi binaire. S'il est vrai qu'une augmentation du volume d'entraînement est souvent un levier de progression, elle peut aussi devenir le chemin le plus rapide vers la blessure et le surentraînement. La véritable clé n'est pas de courir plus, mais de courir plus intelligemment. L'objectif est de trouver votre propre « zone optimale » de volume, là où l'effort investi apporte le meilleur retour sur investissement. Cet article vous guidera pour comprendre cette zone et l'intégrer à votre pratique, quel que soit votre niveau.
L'idée que le progrès est directement proportionnel à l'effort est un mythe qu'il faut démonter. En réalité, le rapport entre le volume d'entraînement et la progression suit une courbe que l'on appelle la loi des rendements décroissants. Cette courbe peut être décomposée en trois zones distinctes :
Dans cette zone, votre volume d'entraînement est trop faible pour générer un stress suffisant pour que votre corps s'adapte. La progression est lente, voire inexistante. Courir 10 minutes une fois par semaine n'est pas un volume suffisant pour construire une base solide d'endurance. Pour un débutant, cela peut signifier de passer de 1 à 2 ou 3 séances par semaine.
C'est le « sweet spot » de l'entraînement. Le volume est suffisant pour imposer un stress qui pousse le corps à s'adapter et à surcompenser. Dans cette zone, vous progresserez de manière constante, avec des gains significatifs à chaque palier. Pour la plupart des coureurs, c'est ici que se trouve le meilleur équilibre entre le temps investi et le plaisir de courir. C'est aussi dans cette zone que l'on prévient le mieux les blessures en laissant le temps au corps de s'adapter. La progression y est stable et durable.
Lorsque le volume d'entraînement devient trop important pour votre capacité de récupération, vous entrez dans la zone de surentraînement. Le stress s'accumule plus vite que votre corps ne peut le gérer, et la progression s'arrête. Les performances stagnent ou pire, régressent. C'est le chemin le plus sûr vers la blessure, le manque de motivation et l'épuisement total. Il est essentiel de savoir reconnaître les signes de cette zone pour ne pas y sombrer.
Il n'existe pas de volume universel. Pour un coureur, 30 km par semaine peut être suffisant pour progresser, tandis que pour un autre, 80 km sera le minimum. Votre zone optimale est unique et dépend de plusieurs facteurs.
Un corps habitué à la course est plus résistant et plus adaptable. Un coureur qui a plusieurs années d'expérience a développé une meilleure économie de course et un système musculo-squelettique plus solide. Sa capacité à encaisser de gros volumes est bien plus élevée qu'un débutant. C'est pourquoi il est essentiel d'augmenter le volume de manière très progressive sur le long terme. Construisez une base solide avant de chercher à monter en puissance.
C'est la règle d'or pour éviter la blessure. Elle stipule qu'il ne faut pas augmenter son volume hebdomadaire de plus de 10 % par rapport à la semaine précédente. Cette règle est un garde-fou simple et efficace. Si vous avez couru 30 km cette semaine, ne dépassez pas 33 km la semaine suivante. Cette approche permet à vos muscles, tendons et articulations de s'adapter en douceur. Il est plus important d'être constant et régulier que de faire un pic de volume occasionnel.
La progression est le résultat d'une équation simple : Progression = Stress x Récupération. Vous pouvez augmenter la partie "stress" (le volume d'entraînement) autant que vous voulez, si la "récupération" est proche de zéro, le résultat sera nul. C'est pourquoi la récupération est la clé. Elle est le moment où votre corps se répare et devient plus fort. Pour cela, il faut une gestion intelligente de la fatigue. Les trois piliers de la récupération sont :
Le stress n'est pas seulement lié au volume, mais aussi à l'intensité. Une semaine avec 50 km de footings faciles est bien moins fatigante qu'une semaine avec 50 km comprenant trois séances de fractionné. Pour augmenter le volume intelligemment, il est essentiel de le faire en conservant la majorité de vos kilomètres à faible intensité (environ 80 % de votre volume total), et de n'y inclure qu'une ou deux séances de qualité. C'est le principe de l'entraînement polarisé.
La course à pied ne se pratique pas dans un vide. Le stress professionnel, les soucis personnels et le manque de sommeil sont autant de facteurs qui s'ajoutent à la fatigue de l'entraînement. Le corps ne fait pas la différence entre un stress mental et un stress physique. Si vous vivez une période de vie stressante, il peut être plus sage de réduire votre volume d'entraînement pour éviter de dépasser votre seuil de tolérance. Apprenez à mieux gérer votre sommeil pour une progression durable.
Votre corps vous enverra toujours des signaux d'alarme lorsque vous vous approchez de la zone de surentraînement. Apprenez à les écouter avant qu'il ne soit trop tard :
Si vous décidez que votre progression nécessite un plus grand volume, suivez ces étapes pour le faire de manière sécurisée et efficace :
Finalement, courir plus pour progresser plus est un choix personnel. L'investissement en temps et en énergie est important. C'est un choix qui doit être en accord avec vos autres ambitions de vie. La clé est de trouver votre propre équilibre. Les plus grands gains en termes de « retour sur investissement » se trouvent souvent en passant de 2 à 4 séances par semaine. Au-delà, les gains deviennent marginaux par rapport à l'effort demandé. Il est donc crucial de se poser une question simple et honnête : pourquoi courir plus si cela ne vous procure pas plus de plaisir ? Trouvez votre propre réponse, et vous aurez trouvé votre équilibre parfait.
Pour les coureurs expérimentés, elle peut sembler trop conservative, mais elle est un excellent point de départ pour la plupart des runners. Elle vise avant tout à prévenir les blessures. Une augmentation de 15 % ou 20 % est possible, mais augmente significativement le risque de blessure. Il est préférable d'y aller doucement et de s'assurer que votre corps s'adapte bien.
Il n'y a pas de réponse universelle. Pour un débutant, 2 à 3 séances par semaine sont suffisantes. Pour un coureur intermédiaire, 4 à 5 séances sont idéales. Les coureurs avancés peuvent aller au-delà, mais cela dépend de leur capacité de récupération et de leurs objectifs spécifiques.
Lorsque vous atteignez votre volume optimal, vous vous sentez fort, les séances sont fluides, vous progressez de manière constante sans fatigue excessive. Si vous commencez à ressentir de la fatigue, une stagnation de vos performances ou des douleurs, c'est un signe que vous approchez ou avez dépassé votre zone optimale.
Non, courir avec des courbatures légères est acceptable. Un footing très lent peut même aider à les réduire en favorisant la circulation sanguine. Cependant, si les courbatures sont intenses ou si vous ressentez une douleur vive, il est préférable de prendre un jour de repos.
Cela dépend de votre état. Après une séance intense, un jour de repos total (récupération passive) peut être bénéfique. Mais la plupart du temps, la récupération active (un footing très lent) est conseillée, car elle aide le corps à mieux récupérer en maintenant le flux sanguin. Il est bon d'alterner les deux dans votre routine.
Oui, l'intensité est un facteur de stress bien plus important que le volume. Augmenter l'intensité trop rapidement expose à un risque très élevé de blessure et de surentraînement. Il est plus sûr d'augmenter d'abord le volume, en endurance fondamentale, pour construire une base, et d'augmenter l'intensité par la suite, de manière progressive et ciblée.