Dans un sport d’endurance comme le triathlon, chaque discipline exige une gestion intelligente de l’énergie. Si la natation et le vélo posent leurs propres défis, c’est souvent la course à pied — la dernière partie du triathlon — qui révèle les écarts de performance.
Or, ce n’est pas simplement votre vitesse maximale qui vous permet de finir fort, mais votre capacité à courir efficacement après l’effort combiné de la natation et du vélo. Cette capacité repose en grande partie sur l’économie de course.
L’économie de course (Running Economy, ou RE) désigne la quantité d’énergie utilisée à une vitesse donnée. En triathlon, on cherche à minimiser cette dépense énergétique pour maximiser la vitesse avec un coût physiologique minimal, surtout après des heures d’effort.
🎯 Objectif : consommer moins d’oxygène à une allure donnée = courir plus vite sans s’épuiser.
🚴♂️➕🏃♂️ = 🔥
En triathlon, la particularité réside dans la transition vélo → course à pied. La fatigue neuromusculaire générée par le vélo altère :
la coordination motrice,
la force excentrique (freinage musculaire),
la stabilité du tronc et du bassin.
🧪 Millet et al. (2003) ont montré que cette transition engendre une altération de l’économie de course jusqu’à 10 % dans les premières minutes de la course.
✅ Solutions :
Entraînements de brick (enchaînements vélo-course)
Renforcement du tronc (core training)
Adaptation de la position sur le vélo pour préserver les ischios/jambes
Contrairement au coureur pur, le triathlète arrive sur la course avec une fatigue accumulée. Cela modifie :
la fréquence de pas (souvent trop basse),
la longueur de foulée (trop grande, énergivore),
la stabilité posturale (affaissement du bassin, mouvements parasites).
📉 Ces déséquilibres augmentent le coût énergétique du mouvement, notamment via une oscillation verticale excessive.
✅ Conseils concrets :
Objectif cadence : 170–180 pas/min
Travail de foulée sur terrain plat post-vélo
Utilisation de capteurs de puissance type Stryd pour analyser "form power"
Un tendon d’Achille ou un mollet rigide permet de stocker et restituer l’énergie comme un ressort.
Mais attention : après le vélo, la rigidité tendineuse diminue, ce qui réduit l’efficacité de la foulée.
🧪 Dalleau et al. (1998) ont démontré que la restitution élastique permettait d’économiser jusqu’à 6 % de VO₂ à une vitesse donnée.
✅ À travailler via :
Pliométrie (sauts, bondissements)
Montées d’escaliers, skipping, côtes explosives
Renforcement du pied et proprioception
La déshydratation ou une mauvaise gestion glycémique augmente le coût de chaque foulée :
Moins de glycogène = compensation par filières moins efficaces
Moins d’hydratation = altération du débit cardiaque → surcoût énergétique
➡️ Une mauvaise nutrition sur la partie vélo impacte directement l’économie de course en T2.
✅ Stratégie préventive :
Gels et boissons riches en glucides dans la 2e moitié du vélo
Éviter les pics de glycémie
Ne jamais courir déshydraté : boire même sans soif
La perception d’effort est étroitement liée à l’économie de course. Si vous partez trop vite à pied (erreur classique), vous explosez physiologiquement et économiquement.
🧠 La régulation du rythme est donc une compétence mentale autant que physique.
✅ Solutions :
Travail de pacing avec cardio/puissance
Visualisation mentale
Entraînement à l’écoute des sensations
La technique est encore plus essentielle en triathlon, car on court en état de fatigue avancée. Une bonne économie technique :
limite les oscillations verticales,
améliore le placement du pied sous le centre de gravité,
réduit les tensions musculaires inutiles.
✅ À intégrer dans l’entraînement :
Séances de technique (drills, éducatifs) en pré-fatigue
Vidéo analyse
Travail avec métronome
En triathlon, chaque gramme compte. Courir avec des chaussures plus légères, un textile respirant et un ravitaillement optimisé améliore l’économie.
👟 Frederick (1984) estime qu’on gagne *1 % d’économie de course par 100 g allégés sur chaque chaussure.
✅ Conseils matos :
Chaussures avec mousse PEBA et retour d’énergie
Tri-suit adaptée à la température et à la course
Réduire le superflu : gilet, flasques, etc.
Distance | % de la performance liée à l’économie de course |
---|---|
Sprint | ~30 % |
M | ~35–40 % |
L | ~45–50 % |
Ironman | Jusqu’à 60 % |
🎯 Plus la course est longue, plus l’économie devient le facteur déterminant !
Facteur | Exemple de solution |
---|---|
Neuromusculaire | Enchaînements vélo-course (brick) |
Biomécanique | Fréquence de pas, travail technique |
Énergétique | Nutrition vélo + hydratation |
Musculaire | Pliométrie + muscu ciblée |
Mental | Stratégie de rythme et visualisation |
En triathlon, ce n’est pas seulement le plus fort qui l’emporte, mais le plus intelligent dans la gestion de son énergie. L’économie de course, c’est l’art de transformer chaque pas en performance maîtrisée. Améliorer votre économie, c’est élever votre capacité à durer, à accélérer, à franchir la ligne avec puissance et lucidité. Courez fluide, courez stratège, courez triathlon. 🏁
Oui. Plus la course est longue, plus elle influence la performance. En Ironman, elle peut représenter plus de 50 % du résultat final à pied.
Si votre fréquence cardiaque ou perception d’effort est élevée à allure modérée, ou si vous ralentissez brutalement en fin de course, c’est un indice d’inefficience.
Oui, jusqu’à 4 % de gain mesuré dans certaines études (*Hoogkamer et al., 2018*), surtout pour les triathlètes légers et bien entraînés.
Il est fortement recommandé. Des cycles de 8–12 semaines de musculation orientée course améliorent la rigidité musculaire, la coordination et donc l’économie.
En moyenne 6 à 8 semaines avec un entraînement spécifique, et jusqu’à 12 semaines pour des améliorations mesurables en course.
Ce n’est pas obligatoire. Vous pouvez suivre vos progrès via des capteurs (Stryd, Garmin Pod) ou en observant l’évolution de votre fréquence cardiaque à allure stable.